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Etre précurseur dans le domaine du réemploi ou (dé-)stabiliser les régimes existants et les acteurs en présence ?

AUTHORS

  • Gobert Julie
  • Allais Romain

KEYWORDS

  • Pioneer
  • Practice community
  • Innovation niches
  • Reuse
  • Waste
  • Précurseur
  • Communauté de pratiques
  • Niches d’innovation
  • Réemploi
  • Déchets
  • Document type

    Conference papers

    Abstract

    A l’heure où tous les territoires cherchent à se doter de recycleries, où la valorisation des déchets de tout type est devenu un enjeu central, travailler sur la structuration des collectifs d’acteurs au début des années 2010 peut paraître à contre-courant. En effet, les accompagnements de projets fleurissent et semblent démontrer que l’on connaît et maîtrise déjà les ressorts des projets territoriaux de valorisation des « déchets » et plus encore les modalités d’en faire des ressources essentielles pour de nouveaux modèles d’affaire (Boespflug et Lamarche 2022; Héry 2021; Tyl et Allais 2021). Au demeurant, malgré la capitalisation des savoirs issus d’un certain nombre d’expériences, il apparaît intéressant de questionner ce qu’a signifié pour les acteurs concernés de s’inscrire dans une dynamique d’innovation sociale et organisationnelle et d’être précurseurs de modèles qui allaient en grande partie se généraliser, même si des voies différentes peuvent être empruntées (Chappelet 2005). Etre précurseur signifie prendre un risque et faire un pari sur l’avenir : structurer les filières (non existantes), trouver les marchés, associer des partenaires sur un modèle de coopération et sur une activité qui n’apparaît pas encore comme commune dans le paysage de gestion des déchets (Glémain 2008). Cela demande de convaincre des acteurs (institutions, entreprises) qui n’adhèrent pas systématiquement et d’emblée à un nouveau projet, voire qui préfèrent continuer comme avant, en adéquation avec le régime dominant, parce qu’il assure un certain confort (celui de la non remise en cause de l’action). Aussi l’objectif de la présentation est-elle d’analyser comment des expériences originales qui peuvent être considérées comme des « niches » au sens des sustainability transition studies (Audet 2015; Geels 2002) ont laissé en suspens un certain nombre de questions mises ici en exergue : la forme de gouvernance toujours en tâtonnement et en évolution, le rapport à et le soutien des collectivités locales (Gobert et Deroubaix 2021), le partage de valeur au niveau du collectif et des entités individuelles entrées dans le projet, le rôle (ou l’absence de rôle) assigné à l’usager (Gobert, Allais, et Deroubaix 2021) car même si elles ont fait tache d’huile, tout en restant toutefois à la marge au regard des volumes considérés, ces questions continuent à se poser. Le réemploi et la réutilisation apparaissent en effet aujourd’hui en voie de stabilisation et de dissémination via plusieurs canaux (soutien des pouvoirs publics, Appels à Manifestation d’Intérêts lancés par l’ADEME, mobilisation d’acteurs à l’échelle du territoire…). Cette stabilisation s’explique aussi par la force d’un certain nombre d’effets extérieurs (e.g. déplétion de la biodiversité, raréfaction des ressources, changement climatique…) qui agissent comme des « games changers » (Avelino et al. 2017) et qui illustrent également l’agentivité et la performativité des non humains (Campos et al. 2016). Comme Pradels (2022) l’énonce : « le pouvoir des innovations de niche à transformer des régimes augmente avec l’importance de changements externes qui déstabilisent les régimes ». Il s’agit de comprendre comment des acteurs sont devenus des communautés de pratiques (Wenger 1999) et ont progressivement fait émerger des modèles en répondant à un certain nombre d’incertitudes tout en en laissant d’autres en suspens. En cela nous illustrerons le rôle fort du territoire comme espace auquel les porteurs de projet sont souvent très attachés, pour lequel ils s’engagent et dont ils connaissent les dynamiques et les problématiques. Pour autant, ces innovations, progressivement intégrées au régime dominant, ne transforment pas fondamentalement les systèmes socio-techniques en place, n’apportant qu’à la marge une solution aux logiques de consommation et de production. En outre, à la période de foisonnement des modèles, a succédé une période d’uniformisation des organisations du réemploi qui soulève de nouvelles questions. Ce travail s’est d’abord appuyé sur les résultats d’un projet antérieur (RECYLUSE) et d’une exploration de la littérature sur la question. Trois sites ont ensuite été explorés via une approche combinant méthodes quantitatives (questionnaires vers les usagers) et qualitatives (entretiens individuels ou collectifs avec les porteurs des projets et les différents acteurs du réemploi.

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